Les joyeux drilles …

Tête souffrante en bronze

Tête souffrante en bronze. Photo prise en 2013.

Avec QuiLi, le rythme des visites s’accélère ! Aujourd’hui nous en avons deux à notre programme et pas question de sieste !

Et tout d’abord, ce matin, visite au Mémorial des massacres de Nankin, plus connus en français sous le vocable « Sac de Nankin ».

Le sac débuta le 13 décembre 1937 après l’incapacité des troupes chinoises du Kuomintang à contenir l’invasion de l’armée impériale japonaise.

Ce qui se passa ensuite est indicible. Trois semaines de massacres, de viols, de pillages… La cruauté se disputait à la bestialité. Trois cent mille victimes civiles, femmes enfants, vieillards … Le viols se terminant la plupart du temps par des coups de baïonnettes mortels et de nombreuses chinoises connurent aussi le sort de “femmes de réconfort” comme leurs sœurs coréennes.

Les Chinois ont édifié un mémorial, poignant dans sa sobriété, ou l’histoire ne laisse aucune place à la propagande.

Les bronzes du mémorial blog

L’un des nombreux bronzes disposés sur l’allée menant au Mémorial.

Je l’avais visité au cours d’un précédent séjour, en août 2012, et je tenais à y retourner. Bien entendu, QuiLi connaissait parfaitement cette histoire mais elle hésitais à ce confronter trop directement à ces horreurs. Bref, elle accepta de m’y accompagner.

Par rapport à ma précédente visite, les responsables ont légèrement modifié la scénographie du site, notamment la crypte au début du parcours. Mais les visiteurs sont toujours nombreux et recueillis.

Une image m’avait frappée : celle d’une tête coupée, fichée sur un pic … La légende disait, pas forcément à propos de cette victime, que deux officiers japonais s’étaient lancés un défi badin : à celui qui couperait le plus de têtes dans la journée …

J’ai trouvé les noms de ces joyeux drilles au bas de la reproduction d’un article qu’un journal japonais avait peu après consacré à leurs exploits, respectivement 106 et 105 têtes coupées dans la journée : Noda Tsuyoshi et MukaiToshiski …

Les joyeux dirllles

Les deux ignobles ganaches posant pour un reporter japonais fièrement appuyés sur leurs sabres …

En revanche, probablement pour recentrer ce lieu de mémoire sur le sac, les panneaux rappelant les horreurs de l’épouvantable « Unité 731 », avaient disparus. Ce soi-disant centre sur l’éradication des maladies infectieuses pratiquait la vivisection sur des êtres humains afin de mettre au point de armes chimiques et bactériologiques. L’absolution de son directeur, notoire criminel de guerre promis à la potence mais gracié par la volonté de l’armée américaine pour bénéficier de ses « connaissances », fut un des grands scandales des tribunaux internationaux…

Comme les nazis, dont ils partageaient largement la conviction d’être d’une race supérieure, les expérimentateurs qualifiaient leurs victimes de “Stücks”, morceaux, bouts de bois…

On reste silencieux un bon moment après une telle visite …

Ignominious Japanese propganda Ca 1937

Un exemple de l’ignoble propagande japonaise (à l’image de celle des nazis),
montrant des soldats jouant avec le petits enfants !

Une dernière remarque, ce site ne figure pas dans les « spots » recommandés par Trip Advisor …

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Long déplacement en Didi pour aller visiter les tombeaux des Mings, à l’autre bout de la ville.

Au cours de mon premier séjour à Nanjing, j’avais visité le Mausolée du Dr Sun Yat Sen, le père de la première république chinoise en 1911. Situé sur la même montagne que les Tombeaux des Mings j’en ai gardé un très mauvais souvenir. C’était par une journée de canicule et nous avions déjà beaucoup marché Ningxin et moi. Mais je ne sais pour quelle raison nous avons voulu à tout prix visiter ce monument. Mort de fatigue j’avais failli m’évanouir et nous avons dû nous arrêter dans une buvette pour prendre un en-cas. Au fur et à mesure que nous empruntions les larges allées y menant, nous avions l’impression qu’il reculait ! Je pense que depuis l’entrée du site il fallait marcher plus de deux kilomètres pour atteindre la Mausolée proprement dit. Un imposant édifice accessible par un monumental escalier.

Si je développe cette visite c’est parce que je me suis rendu compte, cinq ans après, qu’il était calqué sur la disposition des tombeaux des Mings !

Là encore, la Chine moderne considère ce patrimoine comme un richesse nationale et veille à son parfait entretien.

Difficile retour à l’appartement car nous n’avons pas tout de suite trouvé la bonne sortie, rallongeant d ‘une bonne heure une visite qui m’avait déjà épuisé … Dernière péripétie, le Didi n’a pas été fichu de trouver notre position et nous avons encore dû marcher une bonne demi-heure pour trouver un point de rendez-vous !

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Une dernière touche avant de publier de blog. Le soir, en descendant chercher des bananes et une bouteille de Great Wall à ‘épicerie du coin, j’ai vu un rat de bonne taille débouler d’un recoin …

Décidément, la salubrité  de cet immeuble laisse à désirer  !

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Of course, comme tout Chinois sensé, j’ai payé ces menus achats avec WeChat,…

 

 

 

2 réflexions sur “Les joyeux drilles …

  1. Passionnants tes recits; en tout cas, très edifiants sur l’histoire grande et petite de la Chine. Au fait connais-tu Billeter, écrivain, sinologue français qui a épousé une chinoise et qui écrit des choses simples et passionnantes aussi sur la Chine (il s’oppose à l’exotisme chinois qui intéresse certains philosophes français).
    a bientôt
    daniele

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