En préambule de ce blog.
Dans le précédent j’ai évoqué la visite au Mémorial du Massacre de Nankin en 1937.
Une de mes amies japonaises habite Tokyo et je sais qu’elle lit mes textes en français.
Je tiens à lui dire ceci : je suis conscient que cette histoire reste douloureuse pour tous les protagonistes du conflit. Et, à l’évocation de Nankin, un Japonais ne manquera pas de rappeler les terrifiants bombardements incendiaires menés par les américains sur Tokyo en 1945. Ils firent plus des victimes que ceux de Hambourg ou de Dresde et furent du même ordre de grandeur macabre que celui d’Hiroshima.
Oui, de part et d’autre, entre l’Alpha du Massacre de Nankin et l’Omega de l’Atomisation d’Hiroshima, une majorité d’innocentes victimes … Lisez la tragique histoire de Sadako Sasaki, irradiée à Hiroshima à l’âge de deux ans et qui mourut douze années plus tard après s’être farouchement battue contre une leucémie :
Le panneau consacré à la malheureuse Sadako Sasaki au Memorial de la Pais à Hiroshima.
Si mon abomination des bourreaux, de tous les bourreaux est intense, elle n’a d’égale que ma compassion pour les victimes.
http://www.flickr.com/photos/jean-paul-margnac/19485490022
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Retournons dans le présent ! Il y a tant de choses à dire sur ce vieux pays !
Aujourd’hui visite du musée régional du Hubei, la province dont la capitale est Wuhan.
Musée gratuit comme tous les musées dépendants de l’Etat.
Magnifique collections de porcelaines et mise en valeur de la découverte relativement récente (1978) de la tombe d’un dignitaire, le marquis Yi de Zeng. Ce seigneur vivait à l’époque du siècle de Périclès en Grèce. Mais il semble bien que le raffinement de sa cour fut sans commune mesure avec celle des patriciens athéniens.
Multiples objets en jade et en or, vastes cratères en bronze pour boire le vin, armes redoutables, un trésor épigraphique constitué de milliers de textes écrits sur des lamelles en bambou. Bref une découverte de première grandeur, soigneusement préservée par le savoir faire de l’école chinoise d’archéologie.
Deux pièces du Musée du Hubei : une marmite en bronze du IVéme siècle avant JC
et une magnifique coupe en porcelaine de de l’époque Tongzhi (XIXème siècle).
Dîner avec Qiuli dans le restaurant de Sea-Food où nous sommes venus a plusieurs reprises avec Ningxin. Il sert des huitres fraîches et cuites. Cette fois-ci, grosse déception. La bonne musique, style Country, était trop forte et, pour une raison inexplicable, toutes les tables furent servies avant la nôtre !
L’ambiance du bar à huitres. Une famille chinoise prend son repas : le mari, l’épouse, le gamin, la belle-mère (invisible sur la photo car à l’extrémité de la table) et probablement deux amis du couple. La jeune femme était très élégante.
Ballade tardive sur le Lac de l’Est, l’un des endroits les plus agréables de Wuhan. Xi Jin Pin nous y avait précédé de quelques heures, dixit QiuLi.
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Didi pour rejoindre le musée, Didi pour aller au restaurant, Didi pour rentrer à la résidence. Le problème est que les chauffeurs conduisent en gardant leur fenêtre ouverte et que l’on en prend plein les poumons de l’intense pollution qui asphyxie le centre-ville. Déjà saturée des gaz d’échappements, la situation est aggravée par une sécheresse persistante. D’habitude, surtout à cette époque, les pluies limitent le phénomène.
Dès que les yeux me piquent et que je commence à tousser, je mets un masque mais sa protection reste illusoire. Résultat, une toux persistante et je ne suis pas sûr de m’en débarrasser avant le vol de retour …
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La Chine côté nature …
Au cours de mes précédents séjours, évoluant principalement dans les agglomérations, je n’ai eu que rarement l’occasion d’être en contact approfondi avec la campagne chinoise mais j’eus le loisir de l’observer de nombreuses heures à travers les vitres des dizaines de Bullet Trains que j’ai empruntés pour me déplacer dans ce vaste pays.
On voit quantité de choses à partir d’un train. Par exemple cette central nucléaire…
En règle générale, peu d’oiseaux … A la louche, il y a plus de téléphones portables en Chine que de passereaux …
En revanche des plantations de jeunes arbres par millions. Le moyen pour la Chine d’améliorer son bilan carbone ?
Les Chinois sont d’excellents cultivateurs. Ils pratiquent cet art depuis huit mille ans. On les voit souvent continuer à exercer leurs talents même aux pieds des immenses tours qui ponctuent le paysage. Peu ou pas de jachères, toutes les terres agricoles sont cultivées, la majorité sur des parcelles de moins d’un hectare (wiki dixit), excluant la mécanisation lourde.
Selon les territoires le maïs domine ou le riz. Je n’ai pas souvenir d’avoir traversé de grandes surfaces plantées de blé ou d’autres céréales. Elles se trouvent plus au nord.
L’automne est la saison où fleurissent les osmanthus. Un ravissement ! Cette odeur délicate se répand à partir des fleurs insignifiantes de cet arbuste, quasi inconnu dans nos contrées. C’est désormais pour moi l’une des signatures olfactives de la Chine, inoubliable.
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Addendum pour les Geeks
A propos de quelques acrobaties techniques.
Pour continuer à écrire mon blog dans le Bullet Train (300km/h) ou alimenter mon compte Flickr en photos en dehors d’une connexion Wi-Fi, c’est simple …
Tout d’abord, l’Iphone est connecté en 4G à partir de la SIM achetée en début de séjour avec un crédit datas de 50Go.
Ensuite, comme il n’est pas facile d’écrire du texte ou de traiter des photos sur un téléphone portable, j’ouvre mon MacBook Air que je connecte au réseau par un partage de connexion en Bluetooth …
Mais comme sur le territoire chinois on ne peut accéder ni le serveur de blog WordPress ni Flickr, j’ouvre une session VPN (Virtual Private Network) permettant de contourner «The Great Firewall». Elémentaire, Isn’t ?
Dans le Bullet Train à 250km/h, la vie numérique continue…
Alors, quand tout fonctionne, je peux travailler comme à la maison …