30 juin 2018, prêt pour une cinquième descente sur ce bateau pneumatique …
Avant d’entamer une nouvelle descente en bateau pneumatique, voici un bref résumé de ma relation avec la Loire.
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Première rencontre avec ce fleuve sauvage et majestueux à seize ans et demi, d’Orléans à Saint-Nazaire, tout seul dans le kayak pliant de mon père C’était en juillet 1953 …
Trois cent cinquante kilomètres parcourus en trois semaines et l’expérience inaugurale du voyage en solitaire …
En 1959 j’ai acheté un autre kayak biplace d’occasion avec lequel j’ai descendu à nouveau la Loire, de Nevers à Cosne, puis deux fois le Tarn.
Descente de la Loire en crue à la Toussaint 1959. On voit l’eau lécher le campemant.
J’y uis retournésouvent, parfois sur d’improbables radeaux. C’est ainsi que, bout après bout, j’ai parcouru le fleuve sur toute sa longueur, du Puy-en-Velay jusqu’à la mer, à Saint-Nazaire, soit environ mille kilomètres.
Kodachrome, avril 1955. Descente d’Orléans à Saumur sur un radeau constitué de bouées.
En 2010, j’ai renoué avec cette vieille habitude en équipant un bateau gonflable de trois mètres soixante, capable d’emporter une lourde charge, soit tout le matériel nécessaire pour naviguer plusieurs jours en totale autonomie (eau, provisions, couchage). Pour me protéger à la fois du soleil et de la pluie, j’ai fabriqué une armature en bois supportant une bâche légère. Ainsi configuré, amarré à une rive ou ancré dans le fil du courant, je peux rester en permanence dans le bateau : y dormir, cuisiner ou … faire la sieste.
www.flickr.com/photos/jean-paul-margnac/sets/72157624627481004/
En juin et juillet 2010, en deux étapes de cinq jours, j’ai parcouru plus de deux cents kilomètres de Roanne à Cosne-sur-Loire. Je me suis alors rendu compte que ce bateau, moyennant quelques aménagements, était un excellent choix, à la fois confortable et sûr.
Au départ, tout semble simple : s’installer confortablement et se laisser dériver au fil de l’eau … En fait, la Loire en 2010, après les pluies abondantes des premières semaines de juillet était haute, presque en crue. Avec un courant dépassant souvent 5km/h, la vigilance doit être permanente car il pousse immanquablement vers les berges où les branches d’arbres risquent d’endommager la structure (ce qui arriva, arrachant brutalement l’armature et la bâche).
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Je suis reparti en juillet 2014. Après avoir embarqué vivres et matériel, j’ai mis à l’eau à Nevers pour un nouveau parcours de cinq jours et cinq nuits.
Par grosses eaux, certains passages deviennent délicats à négocier, comme le passage des ponts, où l’étranglement du fleuve produit des rapides qui peuvent se révéler dangereux. Sur le parcours, deux centrales nucléaires posaient aussi problème car leurs retenues d’eau barrent le fleuve sur toute sa largeur. Il faut donc, en principe, effectuer un « portage », c’est à dire, s’arrêter sur un appontement en amont de l’obstacle et transporter le bateau et tout le matériel en aval, ce qui impose une grande dépense d’énergie car le bateau et ses équipements approchent les cent kilos !
Le barrage de la centrale de Belleville que j’ai sauté avec le bateau…
Je n’eus d’autre choix, notamment à la centrale de Belleville, que de sauter le barrage de plus d’un mètre de haut avec une forte vague de rappel à l’arrivée. Ce fut très chaud ! Mais tout à tenu, bateau et bonhomme !
Mais, depuis la randonnée de 2010, quatre années s’étaient écoulées et, à près de quatre-vingts ans, la différence est sensible ! Je n’avais plus la même souplesse ni la même endurance.
Ce sont des moments intenses et risqués. Mais ils sont brefs et espacés. Le reste n’est que calme, quiétude, silence, immersion dans une nature encore très sauvage. Une intense volupté faite d’odeurs, de couleurs, de bruissements, de vols d’oiseaux …
Oui, comme le chante Baudelaire, « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté » …
Le voyage s’était achevé à Châteauneuf-sur-Loire, à 160 km du point de départ.
Je suis encore retourné en Juillet 2015 pour refaire la portion Nevers Orléans, peut-être la plus belle de toutes …
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Aujourd’hui, jeudi 28 juin 2018, le bateau est dans le jardin avec tout le matériel installé à bord, prêt à être démonté, mis dans la voiture et remonté un peu en amont d’Orléans pour une nouvelle descente …
La suite au prochain blog …
Bon vent Jean Paul pour ce voyage sur la Loire. En ce moment nous regardons le match de foot en espérant que la France… je n’en dit pas plus… c’est le début. Bisous de nous deux et bon courage.
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