Brèves impressions de Tokyo

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Mardi 11 août

Hôtel Apa Kodenmacho

Je prends mon petit déjeuner au son d’un musique country qui ressemble curieusement à celle entendue deux jours plus tôt à Shanghai … Utiliseraient-ils la même bande son piratée (les chinois se font un devoir de pirater toutes les productions audio-visuelles de l’Occident).

« Transfer » sans problème particulier de Shanghai Hongquiao Airiport to Tokyo Haneda … La vielle, Ning Xin avait commandé un taxi qui est venu nous prendre à six heures pile (décollage à neuf heures). Shanghai Hongquiao est au milieu de l’agglomération. Le plus connu, Pudong Airport est encore dans les terres mais il sera bientôt ratrappé à son tour par l’immense conurbation de Shanghai !

Adieux empreints d’émotion avec Ning Xin. Elle a tant fait pour la réussite de cet incroyable périple à travers son pays ! Mes remerciements sont très chaleureux. Elle prend son train dans quelques heures pour retourner à Wuhan (notre point de départ) et reprendre ses activités professionnelles.

Quelques mots plus personnels sur cette très discrète personne. C’est une trentenaire qui n’est pas mariée et qui, manifestement, ne cherche pas vraiment à l’être. En Chine, après trente ans, les filles ont dépassé leur « golden age ». Elles ont de moins en moins de chances de se marier. Ning Xin fait donc le désespoir de ses parents qui souhaiteraient qu’elle trouve rapidement un mari et surtout qu’elle leur donne un descendant …

* * *

Vol court, deux heures trente. Survol de la Mer du Japon où, en 1274 et en 1281, un vent divin, Kami Kaze, aurait mis en déroute la flotte de l’empereur Mongol Kubilai Khan et stoppé ses tentatives d’invasion du Japon.

Une première île apparaît, très découpée, puis descente rapide dans les nuages sur l’aéroport de Tokyo.

Longues files d’attente à l’immigration. Nombreux formulaires … On oublie toujours une case à cocher et il faut retourner remplir correctement ce petit bout de carton pour laisser passer les autres voyageurs !

Un douanier particulièrement zélé me fait ouvrir ma valise (ce qui est assez exceptionnel) et la fouille en me posant beaucoup de questions sur mon séjour à Tokyo. Manifestement, je suis louche … Même attention sur mon sace à dos qui contient tout mon matériel photographique et un tas d’accessoires. Bien sûr, pas question de s’énerver … Une file se forme derrière moi … Il faut l’intervention de son supérieur qui voit d’un mauvais œil les autres passagers s’impatienter pour qu’il me laisse partir !

Un monorail me conduit vers le centre de Tokyo. L’agglomération est très étendue. Je m’en rendrai compte à mes dépends…

Métro puis taxi pour les deux derniers kilomètres.

Chambre minuscule, bien équipée mais sans vue sur l’extérieur. La catégorie en dessous, ce sont les fameux « hôtels capsules », des cases, comme à la morgue, où en s’enfile pour dormir quelques heures.

Dès mon arrivée, nombreux échanges de mails avec Saki, une étudiante que j’avais rencontrée en avril au cours d’un tout premier voyage au Japon. En binôme avec un autre étudiant, elle servait gratuitement de guide pour les touristes qui souhaitaient visiter le temple Shintoïste d’Asakusa.

De retour à Paris, je lui avais envoyé les photos que j’avais prises durant cette visite et elle m’avait répondu. Dès que j’ai su que je retournais à Tokyo, je lui ai proposé que nous nous rencontrions à nouveau. Sa réponse a été un peu évasive mais deux jours avant que j’arrive, j’ai reçu un mail plus favorable. Elle me proposait que nous dînions avec son binôme, Hiroki, le soir de mon arrivée. D’où les nombreux mails reçus pour fixer le lieu et l’heure.

Simple en apparence, n’est-ce pas ? En apparence seulement car il y a un petit problème. Quand je suis dans ma chambre d’hôtel, je suis connecté à Internet par la Wi-Fi mais, dès que suis dehors, plus rien, aucun accès à Internet et il vaut mieux ne pas utiliser le service « données à l’étranger » qui peut se révéler très onéreux.

Donc, tant que je ne me suis pas procuré une carte SIM prépayé qui me donne accès au réseau 3/4G, je suis muet, sourd et aveugle !

Plus de localisation GPS, plus de messagerie instantanée, plus de Skype …

Saki avait été assez sibylline dans l’indication du lieu : à Shibuya, devant la statue de Hachikō !

Avant de quitter l’hôtel, un brève recherche sur Wikipaedia m’append qu’il sagit de la statue en bronze d’un chien qui est venu attendre son maître tous les jours, plusieurs semaines après son décès … L’histoire avait ému les japonais au point de dresser une statue en bronze à Hachikō.

La réception m’a remis un plan du métro et une feuille A4 où est indiqué les numéros des lignes et le changement pour arriver à destination. Peu familier avec ce métro, j’ai mal estimé le temps de parcours et je me trompe de direction …

Bref, j’arrive avec un bon quart d’heure de retard devant la fameuse statue. Je suis étonné du nombre d’étrangers en visite à Tokyo ! Beaucoup plus qu’à Shanghai, pourtant cosmopolite.

Il doit y avoir un Jamboree car je croise des meutes de scouts en vadrouille avec leur petit foulard noué autour du cou …

Mais de Saki, point … Là je commence à me sentir mal, au sens propre comme au figuré … Cette foule, cette chaleur, ce bruit, cette sensation d’être perdu dans une ville gigantesque … Que faire ?

J’ai bien son numéro de portable mais il n’y a plus de téléphones publics ou du moins je ne sais pas les localiser.

L’urgence d’acheter la fameuse carte se fait cruellement sentir ! Si je manque ce rendez-vous, je vais retourner à l’hôtel (40 minutes) pour lui passer un mail et m’excuser …

Seule solution, l’appeler depuis mon IPhone en payant le prix fort d’une communication France-Japon !

Manque de chance, la carte SIM de mon opérateur Bouygues est installée sur mon Ipad car sur l’Iphone j’ai la puce de l’opérateur Chinois qui m’a permis de me connecter en 3G en Chine …

Kafkaïen, non ?

Avez-vous déjà changé vous-même la carte SIM sur votre téléphone portable ?

Avec les IPhone et les IPad, ce n’est pas très facile car, d’une part il faut un petit outil pointu (un trombone peut faire l’affaire) pour sortir le cache et d’autre part retirer l’ancienne puce et avoir des doigts de fée pour repositionner la « nano » puce, plus petite qu’un ongle, dans ce minuscule petit bout de ferraille !

Mais nécessité fait loi. Il me fallait absolument réussir à prévenir Saki que je suis bien arrivé au point de rendez-vous.

Alors, imaginez … Je suis dans un grand magasin qui jouxte la petite place du chien, debout au milieu des centaines de clients qui vont et viennent.

Dans un grand magasin, tout l’espace est utilisé mais j’ai réussi à trouver une minuscule étagère dans un coin reculé où j’ai pu poser l’IPhone et l’IPad cote à cote. Le sac à dos à mes pieds, mon appareil photo aussi. Et là, un peu fébrile, j’effectue l’opération délicate du transfert de la carte SIM … Un geste maladroit et je risque de fausser le cache ou de détériorer la carte …

Enfin, ça y est ! J’appelle aussitôt Saki sur son portable et tout rentre dans l’ordre.

Elle était à proximité, dans un café, en train de m’attendre avec Hiroki …

Elle vient me chercher et nous allons au café pour parler plus à l ‘aise et décider de la soirée.

Plus question de tergiverser, il me faut dare-dare acheter une carte. C’est trop périlleux de rester ainsi muet et aveugle dans ce genre de métropolis tentaculaire.

Très gentiment Hiroki recherche sur son portable la boutique d’un opérateur télécom la plus proche. Comme en France, il y en a deux ou trois dont DOCOMO et Vodafone. En fait, ces cartes prépayées ne sont pas vendues directement par l’opérateur mais dans les magasins d’articles électroniques. Encore quelques centaines de mètres et je trouve mon bonheur : 35 Euros pour un mois d’utilisation de la 3G et quelques giga octets de datas …

Malgré la fatigue et la chaleur, je suis rassuré. Je suis de nouveau en possession de tous mes moyens numériques …

Tout ça a pris pas mal de temps et l’heure commence à être tardive pour mes hôtes.

Ils avaient choisi un bon restaurant traditionnel et très abordable …

Saki étudie le Coréen et Hiroki, la biologie. Un peu difficile de tenir la conversation car l’endroit était un peu bruyant et Hiroki s’exprimait difficilement en Anglais.

Pour ne pas obliger mes interlocuteurs à répéter trop souvent leurs propos, je choisis de parler d’un sujet et ils m’écoutent … Ce soir là, évoqué successivement le développement durable, l’intelligence artificielle, les robots, la natalité comparée entre la Chine et le Japon … Bref, j’ai beaucoup meublé … Ils ont semblé apprécier …

Je leur offre le repas. En payant l’addition, je vole un portrait de la serveuse … Joli minois … C’est incroyable le nombre de clichés que j’ai pu prendre dans les restaurants et les cafés. A croire que je n’ai vu que ça de tous ces lieux parcourus !

Rentré fatigué à l’hôtel. J’ai encore besoin de bien récupérer de l’éprouvant séjour en Chine.

Mercredi 12 août

Hier soir, en pleine nuit, encore peu familier avec les lieux, j’ai eu du mal retrouver mon hôtel. Un cycliste complaisant m’a guidé jusqu’à lui.

Reçu un mail de Saki qui me propose d’aller à Yokohama dans l’après-midi. J’accepte avec joie car, depuis mon enfance, une comptine que me chantait ma grand-mère résonne familièrement dans ma mémoire :

«  Le petit japonais, dans sa kuruma, trottinait avec son poney vers Yokohama » …

Enfin, je vais voir Yokohama !

Mais l’entreprise se révéla plus ardue que je ne le pensais.

Saki m’avait fixé rendez-vous dans une station, au troisième sous-sol …

Problème : impossible de la trouver sur le plan du métro. Nouveaux échanges de mail et, finalement, on se retrouvera devant … le fameux chien !

En fait, la-dire station ne faisait pas partie du métro de Tokyo mais d’une ligne équivalente à un RER…

Presque une heure de trajet … Peu à peu, on quitte les banlieues de Tokyo, très uniformes, pour entrer dans celles de Yokohama. Habitat plus traditionnel, petite maisons d’un ou deux étages en bois, jardinets …

En sortant du RER, parc d’attraction avec grande roue, grand huit et marionnette géante …

Ça y est ! le port et la mer sont devant mes yeux ! Au loin, une éolienne, toute seulette … Bizarre, chez nous elles moulinent en band !

Belle architecture, immeubles audacieux.

Devant nous une immense boite à chaussures de plus de cent mètres de long et les autres dimensions en rapport, sans fenêtres, c’est un musée.

Ski tient à me le faire visiter.

J’ai du mal à comprendre ce qu’il renferme …

Saki prend les tickets d’entrée et nous nous trouvons devant un immense escalier qui mène aux salles d’exposition. Quelle majestueuse entrée en matière.

Saki m’avait bien parlé de nouilles mais elle parle si bas, comme une jeune fille timide, que je comprends au mieux la moitié de ses paroles.

Elle devait donc avoir une fringale et souhaitait manger un bol de nouilles avant de poursuivre.

Ah, oui ! Il s’agissait bien de nouilles ! Tout le musée leur était consacré ! Le musée de la nouille ! Il faut le faire. Les Japonais l’ont fait ! A en avoir une indigestion !

En fait, pas n’importe quelle nouille. La nouille instantanée ! Nourriture de prédilection des Chinois, des Japonais et, je présume de bien d’autres pays du continent Asie.

Ainsi, peu à peu, salle après salle, j’ai saisi la véritable nature de la nouille instantanée, de son rôle humanitaire, je dirait presque, de son ontologie …

En fait, cet immense dispositif est à la gloire d’un seul homme, Momofuku Ando, qui mit au point la recette des nouilles instantanées en 1949 dans une minuscule cuisine.

95 milliards de bols vendus en 2010 ! Il est mort à 95 ans, multi milliardaire !

Lundi 17 août Tokyo Subway

Je poursuis le récit de la visite du musée des nouilles, installé avec tout mon barda sur le quai du métro qui doit m’emmener à Narita Airport.

Le séjour à Tokyo se termine et j’ai devant moi la perspective d’un long voyage en avion (plus de quatorze heures) avant d’atterrir à San Francisco.

Bien sûr j’ai plein de choses à raconter sur Tokyo mais je termine d’abord la visite du musée de la nouille !

Première chose quand j’ai compris l’importance du lieu, j’ai tout de suite envoyé une photo de ce lieu mythique à Ning Xin, grande consommatrice des ces « instant noodles » ! D’ailleurs se sont sûrement les chinois qui sont les plus grands consommateurs …

C’est incroyable l’inventivité des créateurs de ce musée. Une déclinaison du bol de nouilles sous toutes ses formes avec, bien entendu, une attention particulière pour les enfants !

Maintenant, je suis dans la salle d’embarquement pour le vol Tokyo-Seattle puis San-Francisco. Ce ne sera pas une partie de plaisir car j’ai écopé d’un siège en milieu de rang. Plus de huit heures de vol ainsi coincé, c’est pas très marrant …

Je termine la visite du musée … Juste avant de le quitter, Saki, m’entraine vers une autre salle, abritant des buvettes de tous les pays du monde : Italie, France, Allemagne et elle se commande … un grand bol de sorbet à la mangue ! Etait-ce pour ce petit plaisir qu’elle m’avait entraîné dans le visite du musée ? En tout cas, je n’ai pas perdu mon temps car j’ai eu l’occasion de prendre quelques photos intéressantes dont celles des innombrables portraits, statues et maximes du mégalomane Monsieur Momofuku Ando !

Retour sur Tokyo, remerciements … Saki ne pourra plus me consacrer de temps car elle a pris un job d’été qui va la mobiliser les prochains jours.

Le lendemain, jeudi 13 août j’avais rendez-vous avec Eiko, Madame Trink !

En avril, au cours de mon premier voyage au Japon avec mon épouse, le premier soir de note arrivée nous avions choisi au hasard un petit restaurant très discret à proximité de l’hôtel.

Salle moyenne, genre brasserie et pour clients que des cadres en costume sombre qui viennent boire un verre avant de rentrer (tard) chez eux … Rien de bien exceptionnel sauf … un piano à queue au beau milieu de la salle !

Eiko, Madame Trink pour les intimes (du nom de son restaurant) est une cantatrice d’une certaine réputation au japon. Comme il était déjà assez tard, elle s’est mise au piano … et nous avons chanté en duo « Plaisir d’amour » … Imaginez, je débarque au Japon et le premier soir j’ai cette chance incroyable de rencontrer une japonaise qui chante en français et qui connaît parfaitement les mélodies de Fauré et une bonne partie du répertoire lyrique français.

Bien entendu, nous sommes restés en contact par mail d’où ce rendez-vous, quelques mois plus tard, dans ce même restaurant …

* * *

Mais l’appel pour « embarquement immédiat » me force à m’arrêter là !

J’espère que ces quelques lignes vous plairont …

Prochain rendez-vous, aux USA !

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