En vol au-dessus des USA
Dimanche 23 août, Midi, heure de San Francisco
Quatre heures trente de vol et trois fuseaux horaires traversés pour atteindre New York.
Attrapé l’avion de justesse. Comme nos RER, le BART (le réseau de San Francisco) a ses faiblesses … Il a multiplié les arrêts hors station et pris beaucoup de retard sur son horaire.
Moments de stress intense quand on est à la limite de manquer son avion …
L’avion décolle à onze heures vingt et j’arrive à la station de SFO vers onze heures moins dix ! Bon sang, que ça va être tangent.
A partir du moment où les portes s’ouvrent, je sais que chaque seconde compte.
Ah, il faut encore prendre une navette, genre VAL qui fait le tour des différents terminaux … Interminable …
Enfin, le Terminal 1 … Où est le comptoir de Delta Airlines … Manque de chance, tout a bout !
Négociations à chaque instant pour obtenir un coupe file. Tout le monde a coopéré de bon cœur, au comptoir d’embarquement, comme au contrôle de sécurité …
Il reste environ dix minutes … C’est bon, je devrais l’avoir …
La routine au contrôles de sécurité : effets personnels au scanner et palpation … Il me faut au moins deux bacs plastiques pour déposer toutes mes affaires et surtout mon IPad et mon MacBookAir …
Question rituelle du préposé à l’entrée du tunnel du scanner : « No liquid ? ». No, of course, j’ai l’habitude et j’ai bien pris la précaution de vider le fond de vin blanc qui restait dans la thermos.
Je passe la palpation, juste une petite anomalie, j’avais gardé une paire d’écouteurs dans une poche de chemise… Go !
Je vais rapidement récupérer les bacs qui contiennent mes affaires … Les ordinateurs sont bien là mais pas le sac à dos !
Où est-il ? Je remonte vers la sortie de scanner et je ne le vois toujours pas quand je l’aperçois posé à côté du vérificateur.
Je lui crie que c’est mon sac à dos (please, I’m so short in time !). Au bout d’un temps qui me paraît une éternité, il me lance : « water inside » ! M… la grosse tuile ! J’avais oublié la bouteille d’eau que j’y avais glissé la veille !
Et là ça devient beaucoup plus sérieux. Le sac doit être contrôlé par une personne de la sécurité. La dame enfile calmement une paire de gants (je ne peux rien dire, j’ai désormais le statut de délinquant), puis elle va chercher mon sac à dos et se dirige vers un appareil dont je vais vite comprendre le rôle.
Elle pose le sac devant, elle, l’ouvre, je veux retirer en la bouteille d’eau … Stop « don’t touch it ! » Wahoo, ça peut se gâter très vite. Elle jette daidaigneusement la bouteille dans une poubelle et passe un languette de papier à plusieurs reprises à l’intérieur du sac à dos …
Là, c’est sûr, je vais le rater ! C’est une question de minutes !
La languette est passée dans la machine qui doit l’analyser et rendre son verdict … Négatif, Ouf ! Pas de drogue !
Elle me laisse enfin reprendre mon sac et je fonce vers la porte d’embarquement 43.
Il me restait encore quelques minutes avant le fatal appel « last call for mister Boisse ! ».
J’avais presque encore le temps d’aller faire un petit tour à la boutique de souvenirs …
J’en plaisante, maintenant que je suis dans l’avion mais c’est le genre de stress qu’il vaut mieux éviter …
Encore une heure quarante cinq de vol …
A bord, on paye la nourriture ! L’hôtesse m’a proposé un beef hamburger en échange d’une petite soustraction sur ma carte Visa. Elle me tend un petit sac en papier avec deux minuscules hamburgers, froids, et un petit cookie …
Ah, pensons et passons à autre chose …
Jeudi après-midi, Bobbie est venue me chercher en voiture pour aller faire un tour à Half Moon Bay, une petite station sur la Pacifique, au sud de San Francisco, un peu avant Monterey.
Trente ans avant, nous étions aussi allés sur le Pacifique, mais vers le nord, en empruntant le Golden Gate. A l’époque, comme je voyageais en Californie pour des raisons professionnelles, je conduisais une voiture de location. J’avais emporté un maillot de bain avec l’intention de me baigner … Quelle erreur ! La Pacifique est glacial !
Cette fois c’est donc moi qui suis le passager …
Half Moon Bay ne peut donc pas être considérée comme une station balnéaire car on s’y baigne fort peu. En revanche, une fois par an, elle accueille une grande compétition de surf …
On prend un café à une terrasse sur la rue principale … Maisons colorées, tout est très tranquille. Une bourgade pour retraités …
Nous laissons la voiture sur un parking qui surplombe l’immense plage de sable. Une famille entière de latinos, y compris l’aïeul en fauteuil roulant, achève un copieux pique-nique … Tout à fait l’une des scènes de Affreux, sales et méchants d’Ettore Scola
…
Petit tour sur plage … Plutôt frisquet …
Des goélands agressifs tournent autour des serviettes des “baigneurs“ pour chaparder un reste de nourriture. L’un s’acharne avec son bec puissant sur un sac d’ordure laissé à l’abandon sur une serviette. Je suis certain qu’il va réussir quand le propriétaire du sac revient et la chasse à coup de pieds …
Soudain, une dame qui se tenait debout face à l’océan, s’agite et dit à Bobbie quelque chose que je ne comprends pas quand elle me montre de la main le dos d’une baleine à environ cent mètres du rivage.
D’après la dame, elle faisait placidement le va et vient devant le rivage depuis le début de l’après-midi.
Il faut déjà rentrer car le trajet prend plus d’une heure et les embouteillages quotidiens à l’entrée de San Francisco risquent encore de l’allonger …
Je souffre encore du décalage horaire et je me sens fatigué. Je me couche tôt. Demain, je passe la journée avec Robert.
* * *
Robert est un ami de trente ans. Il parle parfaitement français car il a vécu quelques années en France durant son enfance et sa mère était professeur de Français.
A l’époque où je l’ai connu, il était consultant à L’Institute for the Future, à Menlo Park.
Je l’avais revu très souvent en France où il assurait de prestigieuses missions de consulting. Nous avions aussi participés à plusieurs colloques scientifiques dont l’un, mémorable, au Château de Bonas dans le Gers.
Outre sa maison du quartier de Castro que j’ai déjà évoquée, il m’avait reçu, avec mon épouse, dans un étonnant chalet en bois perdu au milieu d’une forêt de séquoias.
Pourquoi nous sommes-nous perdus de vue, je l’ignore. Il y a une quinzaine d’années Robert a réalisé de nombreuses missions en Chine et il a délaissé l’Europe.
Aussi quand j’ai reçu une réponse à un mail que je lui avais adressé comme on envoie une bouteille à la mer, j’étais fou de joie !
Nous étions convenu qu’il me prendrait à la station du BART la plus proche de son domicile.
Dès que je suis dans le train, je lui passe un coup de fil pour lui confirmer mon heure d’arrivée (bien pratique d’avoir un numéro de portable en 415, l’indicatif de San Francisco).
Il m’attend devant son superbe cabriolet BMW bleu ciel. Il n’a pas changé (il ne doit pas en penser de même de moi).
J’ai beaucoup de mal à me glisser dans le siège si bas de la BMW ! Il conduit d’une façon très sportive. Il y a longtemps que je n’avais pas ressentit de telles accélérations en voiture !
La commune où il habite jouxte Berkeley et l’Université où il a fait ses études d’ingénieur.
Il tient à me présenter sa nouvelle épouse, Shane, dont il me parle avec chaleur durant le trajet.
Beau logement en duplex dans une résidence cossue. Décoration très recherchée. Beaux objets et quelques pièces remarquables comme une porte en bois finement sculptée venant de d’Inde.
Nous prenons un verre tous les trois dans leur salon. Son épouse est musicienne. Je lui ai apporté un coffret de CD avec les Symphonies de Schubert dirigées par Harnoncourt.
Je comprends vite que Shane ne viendra pas déjeuner avec nous.
Je m’étonne de soutenir si facilement la conversation en anglais. Deviendrais-je fluent ?
Robert me confirme que j’ai fait de grands progrès depuis trente ans ! J’en suis ravi. Il faut dire qu’à l’époque, j’étais un peu just sur ce point …
Nous sommes donc ressortis pour aller déjeuner dans un restaurant assez bon chic, bon genre … Clientèle aisée, chiens tenus en laisse, la classe moyenne très aisée.
Bien entendu nous avons beaucoup parlé de ce que nous avions fait l’un et l’autre durant le temps où nous nous sommes perdus de vue …
Mais, comme de vrais vieux amis, il nous a semblé que nous reprenions une conversation interrompue la veille …
En fin d’après midi, il me dépose au BART et je rentre faire un petit somme à l’hôtel.
Le soir, je dois dîner avec Bobbie et sa grande amie Robin que j’avais aussi rencontrée au cours de mes précédents séjours à San Francisco.
Dîner un peu laborieux. Comme le déjeuner avait été copieux, je n’avais pas faim et la conversation avec Robin assez pauvre. Elle est chanteuse professionnelle. J’ai essayé d’orienter un peu la conversation sur le chant mais ça n’a pas pris …
J’aurais mieux aimer dîner seul avec Bobbie car elle s’intéresse beaucoup plus à l’actualité et aux questions sociales … Nous allons faire un tour dans les grands magasins Macy’s … Je cherche un cadeau que je pourrais offrir demain quand je serai reçu dans la famille de Gwenhaël mais en vain.
Dans la rue, des orchestres jouent, les gens dansent et s’amusent …
Je raccompagne Bobbie au BART. Il n’est pas très tard, mais demain j’aurai encore une journée bien remplie …
Emanuel passera à 11 heures trente à l’hôtel pour me dire au revoir et je prendrai tout de suite le BART pour retrouver Gwenhaël.
L’avion a entamé sa descente.
Hier soir, j’ai réservé un hôtel à New York avec une application très pratique, du genre Last Minute et, après le dîner, j’ai demandé à Gwenhaël de me donner un cours sur Facebook car je le maîtrise mal.
On a passé pas mal de temps devant l’ordinateur et il m’a donné de bons conseils. J’ai aussi pris l’application Uber, les taxis à la demande sur Internet. Je pense que je vais en appeler un en arrivant à JFK …
Il faut fermer l’ordinateur, on va atterrir sou peu !